Serge Gainsbourg, Francis Ford Coppola, Jacques Brel, Fred Astaire et même
George Lucas étaient de la partie, samedi soir, lors du tour de chant de Petula
Clark, présenté au théâtre St-Denis. On connaît la grande Britannique pour ses
chansons immortelles, plus de soixante ans après ses débuts sur scène, mais on
est beaucoup moins familier avec le reste de son oeuvre.
Samedi, c’était quelque chose qu’on partageait presque exclusivement entre initiés. Les
collègues étaient majoritairement à Bedouin Sounddash ou à Coup de coeur francophone.
Nous n’étions pas légion rayon journalistes.
Tant pis pour les absents, parce que Petula
Clark donne — encore — des spectades du calibre de ceux de Charles Aznavour et Juliette
Gréco, ses contemporains. Le genre de rezzonioopruerrontenac.oom
spectacle qui, au-delà du répertoire immortel.
se veut un cours de chant et une leçon de scène Le genre de peðormance que
tout interprète qui se respecte doit voir pour pouvoir comprendre le métier et
corflger ses lacunes.
lnconparae méùer
Du méher, rartiste qui chantait déjà pour les troupes britanniques lorsqu’elle était
enfant lors la Deuxième Guerre mondiale, en a démontré dans le premier quart
d’heure, notamment lors de CoJor P4’ Worfri et Coeur blessé, alors qu’elle était
encore à froid.
Des petites modulations dans les finales, ainsi que des changements d’octave —
comme Joan Baez il y a quelques semaines — afin de compenser pour une voix qui
n’a quand méme plus 20 ans. A moins que l’on doive mettre ça sur le compte de
l’échauffement, car dès Don? Sleep in the Subway, Petula nous a boudé ça avec la
longue finale. Impressionnant.
S’adressant constamment dans les deux langues, la plus française des
Britanniques a une maîtrise des planches totale. Version bilingue de This is I’
Song/C est ma chanson, génuflexions légères et rigolotes quand la foule applaudît
en reconnaissant les premières mesures d’un classique, swing généreux pour le
doublé ¡ Know a Place/A Sign of the Times et steppettes d’usage pour La Gadoue,
de Gainsbourg, justement.
Vive d’esprit, elle mentionne le jour où Jacques Brel lui «a fait un enfant», lapsus
volontaire pour noter que Brel lui a offert et composé Un enfant pour souligner
l’arrivée de sa deuxième fille. Et l’interprétation était magnifique. Tout aussi
marrant, cette longue introduction qui précède Look to the Rainbow, de Finian’s
Rainbow (1968), film de Coppola où elle partageait l’affiche avec Fred Astaire sous
les yeux d’un stagiaire inconnu nommé George Lucas. On mesurait alors la
longévité de l’artiste.
Français au rendez-vous
Comme ce fut le cas lors de ses passages à Montréal en 2000 et 2006 (chaque
fois au Saint-Denis), ce sont toutefois les chansons en français qui ont
particulièrement fait mouche. Chariot— dont Little Peggy March a popularisé la
version anglaise, I Will Follow Him, en 1963— a été interprétée avec une fougue et
une passion jamais démenties et fut dotée d’une finale explosive, comme si
Petula avait encore 30 ans.
Et que dire de La nuit n’en finit plus — version française de Needles and Pins, de
Jackie DeShannon —, rien de moins que bouleversante, avec la chanteuse qui
l’interprète avec tant d’émotion et de drame dans la voix et le geste.
Le geste, il était plus léger et coquin pour Que fais-tu ¡â Petuia?, toujours
mémorable, quoique interprétée cette fois dans un tempo plus lent que d’ordinaire.
Sur ce plan, c’est My Love, chanson pop galopante et numéro un partout dans le
monde en 1966, qui fut la surpnse de la soirée, lorsque livrée sur des arrangements country dignes de Nasville! Petula avait l’air de Renée Martel . Hee haw!
Sans surprise, les premières notes de Downtown, chanson phare qui a assuré
l’immortalité à Petula Clark, ont fait frissonner tout le monde et la livraison fut à la
hauteur du titre de légende. Mais les frissons, c’est Petula qui en a eu de gros
après une sautillante version de Tout le monde veut allerau ciel.
Alors qu’elle remerciait le public au terme de ce spectacle qui se voulait le dernier
de son actuelle tournée mondiale, un fan a hurlé «Happy birthday!. Suivi d’un
autre et dun autre et de la chanson d’usage.
Nombreux savaient que Petula Clark allait célébrer son anniversaire dans 48
heures (15 novembre). Ce qui ne fait qu’ajouter à la qualité de cette performance.
Comme Charles, comme Juliette, Petula semble quelque peu échapper
au temps.